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۱۳۹۴ آذر ۱۹, پنجشنبه

9 décembre 2015
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« Après ce résultat historique aux élections, un vent d’espoir souffle de nouveau chez nos voisins…du Venezuela. » C’est par ces mots enthousiastes que l’écrivain belge Hugo Poliart rend compte le 7 décembre passé de la victoire de l’opposition aux élections vénézuéliennes. Un a priori plutôt conforme à la couverture médiatique du pays latino dans les médias occidentaux mais qui ne rend ni compte de la complexité de la situation économique et politique du pays, ni surtout du processus bolivarien engagé par le Président Chavez. Rien de tel qu’un livre de fiction pour répondre à un écrivain de fiction : voici « Rouges, les collines de Caracas », un roman de Maxime Vivas paru récemment aux éditions Arcane 17.



L’histoire est celle de Gaya, une journaliste française appelée à assister à une conférence sur les médias à Caracas. Elle ignore qu’elle a été « choisie » par les services secrets pour être témoin d’une tentative d’attentat fomentée par l’opposition. Lorsqu’elle arrive à Caracas, la connaissance qu’a l’héroïne du Venezuela est limitée à ce que ses collègues ont toujours raconté, dans la veine des articles du journal Le Monde ou des reportages de la BBC. La réalité de terrain qu’elle découvre ensuite l’emmène dans un triple voyage : c’est d’abord un thriller prenant où Gaya se trouve aux prises d’un sicaire bien décidé à lui faire la peau, où elle est aimée autant qu’instrumentalisée par un séduisant agent secret cubain puis courtisée par un poète plagiaire. Le second voyage est plus politique : Gaya découvre les « missions », c’est-à-dire les politiques sociales mises en place par Chavez et qui l’ont rendu si populaire parmi les plus pauvres. Le dernier voyage la voit se remettre en question, laisser de côté ce qu’elle croyait savoir pour construire une opinion sur des faits, rien que des faits.

Le lecteur peu au courant de ce qui s’est passé au Venezuela sous le gouvernement d’Hugo Chavez découvrira alors que le Président était régulièrement caricaturé en singe dans un pays où la couleur de la peau donne bien souvent une idée du niveau socio-économique, les plus blancs étant les plus riches. Il comprendra beaucoup mieux combien opposition et médias sont intriqués faisant des chaînes privées comme Globovision ou RCTV des médias qui seraient interdits par le CSA en France parce que les règles minimales de déontologie sont bafouées. Il apprendra que sous la « dictature » de Chavez, pas un journaliste n’était en prison – un aspect sur lequel pourrait prendre exemple le Président turc Erdogan, pourtant si bon ami des chancelleries occidentales.

Plus encore, le lecteur de «  Rouges, les collines de Caracas  » pourra resituer le coup d’État manqué préparé par les USA contre Chavez en 2002 dans un contexte historique où l’immense majorité des États latinos – pour ne citer qu’eux - qui se sont démarqués de la politique étasunienne ont été renversés : Arbenz en 1954, Pern en 1955, Boch en 1963, Goulart en 1964, Estenssoro et Torres en 1964 et 1971, Allende en 1973, en Uruguay en 1973, en Argentine en 1976, Torrijos et Roldos en 1981 (tous deux étrangement morts dans des accidents d’avion), etc. Et c’est sans compter les multiples attentats auxquels a réchappé Fidel Castro…

Pour autant, Maxime Vivas n’élude pas les problèmes toujours d’actualité de la société vénézuélienne et qui ont certainement contribué aux résultats des élections du week-end passé. La criminalité à Caracas reste importante, ainsi que la corruption, des fonctionnaires hérités des anciens gouvernements qui agissent comme un contre-pouvoir, etc. À ces problèmes s’ajoutent entre autres la spéculation sur les denrées alimentaires et la chute du prix du baril de pétrole qui ont fait plonger une économie encore beaucoup trop dépendante de cette unique matière première. Bien entendu, la réalité est toujours plus complexe et c’est à cette complexité que nous convie Maxime Vivas dans un livre qui détend, informe et questionne.

Source : « Rouges, les collines de Caracas », Maxime Vivas, Les éditions Arcane 17, 22€

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