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24 février 2015
Le premier mensonge à propos de la crise en Ukraine fut de décréter que le président russe Vladimir Poutine était l’instigateur du conflit et qu’il planifiait une conquête hitlérienne de l’Europe.
Photomontage par BAF.F ! pour Investig’Action
La déclaration accusant Sadam Hussein de détenir des armes de destruction massive était plutôt difficile à juger par le citoyen ordinaire, puisqu’elle était soi-disant soutenue par des informations gardées secrètes par les services de renseignements des États-Unis. En revanche, le mensonge aux dépens de Poutine en Ukraine peut être démenti en analysant rapidement les faits connus du public et avec un minimum de bon sens.
Pourtant, le New York Times continue de promouvoir la propagande du gouvernement étasunien à propos de l’Ukraine et catégorise toute observation rationnelle de la situation comme insensée. Pas étonnant, puisqu’il avait fait de même en rapportant à tort, mais promptement, la présence de tubes d’aluminium et du programme d’armement nucléaire iraquien non existant.
Voici les faits vraiment « irréfutables » à propos de cette crise : en novembre 2013, le gouvernement élu du président Viktor Ianoukovitch commençait à vaciller ; Ianoukovitch venait de rejeter l’accord d’association proposé et promu par l’Union européenne. Les experts économiques de Kiev venaient de lui apprendre que, selon cet accord, l’Ukraine devrait cesser ses échanges avec la Russie et perdrait ainsi 160 milliards de dollars de revenus. Sous le choc, le président ukrainien avait décidé de prendre plus de temps pour y réfléchir.
C’était plutôt la chancelière allemande Angela Merkel, et non Vladimir Poutine, qui voulait mettre en œuvre l’accord de l’UE et qui en avait mal calculé les conséquences, comme l’a rapporté le magazine allemand Der Spiegel. À ce moment, Poutine est seulement intervenu en offrant une aide généreuse de 15 milliards de dollars à l’Ukraine, loin d’être un acte de guerre.
La décision de Ianoukovitch de ne pas agir immédiatement concernant l’accord d’association de l’UE généra alors des manifestations de mécontentement à la place de l’Indépendance, ou le Maïdan de Kiev. La majorité de ces manifestants était des Ukrainiens occidentaux, qui espéraient tirer plusieurs avantages de cet accord, notamment le fait de pouvoir voyager sans visa dans l’UE. Poutine n’avait rien à voir avec ces manifestations ; il serait complètement insensé de penser qu’il y ait joué un rôle quelconque.
En février 2014, les manifestations devenaient de plus en plus violentes pendant que les néonazis et d’autres milices s’organisaient dans la ville de Lviv, dans l’ouest du pays. On y déployait quotidiennement des « sotins », des unités de 100 hommes, pour renforcer le mouvement protestataire anti-Ianoukovitch qui prenait forme. Ce serait franchement naïf de suggérer que Poutine coordonnait ces milices. (1)
La déclaration accusant Sadam Hussein de détenir des armes de destruction massive était plutôt difficile à juger par le citoyen ordinaire, puisqu’elle était soi-disant soutenue par des informations gardées secrètes par les services de renseignements des États-Unis. En revanche, le mensonge aux dépens de Poutine en Ukraine peut être démenti en analysant rapidement les faits connus du public et avec un minimum de bon sens.
Pourtant, le New York Times continue de promouvoir la propagande du gouvernement étasunien à propos de l’Ukraine et catégorise toute observation rationnelle de la situation comme insensée. Pas étonnant, puisqu’il avait fait de même en rapportant à tort, mais promptement, la présence de tubes d’aluminium et du programme d’armement nucléaire iraquien non existant.
Voici les faits vraiment « irréfutables » à propos de cette crise : en novembre 2013, le gouvernement élu du président Viktor Ianoukovitch commençait à vaciller ; Ianoukovitch venait de rejeter l’accord d’association proposé et promu par l’Union européenne. Les experts économiques de Kiev venaient de lui apprendre que, selon cet accord, l’Ukraine devrait cesser ses échanges avec la Russie et perdrait ainsi 160 milliards de dollars de revenus. Sous le choc, le président ukrainien avait décidé de prendre plus de temps pour y réfléchir.
C’était plutôt la chancelière allemande Angela Merkel, et non Vladimir Poutine, qui voulait mettre en œuvre l’accord de l’UE et qui en avait mal calculé les conséquences, comme l’a rapporté le magazine allemand Der Spiegel. À ce moment, Poutine est seulement intervenu en offrant une aide généreuse de 15 milliards de dollars à l’Ukraine, loin d’être un acte de guerre.
La décision de Ianoukovitch de ne pas agir immédiatement concernant l’accord d’association de l’UE généra alors des manifestations de mécontentement à la place de l’Indépendance, ou le Maïdan de Kiev. La majorité de ces manifestants était des Ukrainiens occidentaux, qui espéraient tirer plusieurs avantages de cet accord, notamment le fait de pouvoir voyager sans visa dans l’UE. Poutine n’avait rien à voir avec ces manifestations ; il serait complètement insensé de penser qu’il y ait joué un rôle quelconque.
En février 2014, les manifestations devenaient de plus en plus violentes pendant que les néonazis et d’autres milices s’organisaient dans la ville de Lviv, dans l’ouest du pays. On y déployait quotidiennement des « sotins », des unités de 100 hommes, pour renforcer le mouvement protestataire anti-Ianoukovitch qui prenait forme. Ce serait franchement naïf de suggérer que Poutine coordonnait ces milices. (1)
La preuve d’un coup d’État
En revanche, il existe des preuves substantielles que de hauts responsables étasuniens voulaient provoquer un « changement de régime » à Kiev, dont un appel intercepté et plusieurs déclarations publiques.
En décembre 2013, la secrétaire d’État adjointe Victoria Nuland, une relique du néoconservatisme, rappelait aux dirigeants d’entreprises ukrainiens que les États-Unis. avaient investi 5 milliards de dollars dans leurs « aspirations européennes ». Début février, elle discutait avec l’ambassadeur étasunien Geoffrey Pyatt de ceux qui devraient prochainement diriger l’Ukraine. « Iats est le bon », a-t-elle déclaré, en parlant de Arseni Iatseniouk. (2)
Le soulèvement du Maïdan prit de l’ampleur le 20 février 2014, quand des tireurs d’élite ouvrirent le feu sur des policiers et des manifestants. Ils mirent ainsi le feu aux poudres, causant la mort de dizaines de personnes, policiers et manifestants. Après les tirs des tireurs d’élite, les policiers battirent en retraite, transportant leurs blessés, et les manifestants avancèrent ; des policiers auraient alors réagi en tirant sur la foule.
Cependant, les preuves qui s’accumulent indiquent que les premiers à tirer, les tireurs d’élite, étaient situés dans une zone contrôlée par le "Secteur droit" (Pravyï sektor), des extrémistes associés au commandant néonazi d’autodéfense du Maïdan, Andriy Paroubiy. Même si le gouvernement ukrainien traînait les pieds pour mener une investigation à ce sujet, des rapports de terrain indépendants, dont un récent de la BBC, indiquent que les tireurs d’élite étaient associés aux manifestants et non au gouvernement Ianoukovitch, comme les médias étasuniens l’ont largement rapporté.
Le 21 février, Ianoukovitch conclut une entente garantie par trois pays européens suite à la montée des violences. Il concédait ainsi certains pouvoirs et acceptait de déclencher des élections plus tôt que prévu, pour y être battu. Toutefois, au lieu de laisser ce processus suivre son cours, les néonazis et autres forces du Maïdan prirent d’assaut les édifices gouvernementaux le 22 février, forçant ainsi Ianoukovitch et ses fonctionnaires à s’enfuir.
Le département d’État des États-Unis confirma rapidement la légitimité de ce coup d’État, tandis que Iatseniouk, le favori de Nuland, devenait premier ministre avec Paroubiy comme responsable de la sécurité nationale. En d’autres termes, il existe de nombreuses preuves que les États-Unis ont déclenché la crise ukrainienne en malmenant l’accord d’association. Le gouvernement étasunien a ensuite mis de l’huile sur le feu par l’intérim de Nuland, de Pyatt et d’autres fonctionnaires, puis a couronné le tout avec l’aide des néonazis et d’autres extrémistes en réalisant le coup d’État.
En décembre 2013, la secrétaire d’État adjointe Victoria Nuland, une relique du néoconservatisme, rappelait aux dirigeants d’entreprises ukrainiens que les États-Unis. avaient investi 5 milliards de dollars dans leurs « aspirations européennes ». Début février, elle discutait avec l’ambassadeur étasunien Geoffrey Pyatt de ceux qui devraient prochainement diriger l’Ukraine. « Iats est le bon », a-t-elle déclaré, en parlant de Arseni Iatseniouk. (2)
Le soulèvement du Maïdan prit de l’ampleur le 20 février 2014, quand des tireurs d’élite ouvrirent le feu sur des policiers et des manifestants. Ils mirent ainsi le feu aux poudres, causant la mort de dizaines de personnes, policiers et manifestants. Après les tirs des tireurs d’élite, les policiers battirent en retraite, transportant leurs blessés, et les manifestants avancèrent ; des policiers auraient alors réagi en tirant sur la foule.
Cependant, les preuves qui s’accumulent indiquent que les premiers à tirer, les tireurs d’élite, étaient situés dans une zone contrôlée par le "Secteur droit" (Pravyï sektor), des extrémistes associés au commandant néonazi d’autodéfense du Maïdan, Andriy Paroubiy. Même si le gouvernement ukrainien traînait les pieds pour mener une investigation à ce sujet, des rapports de terrain indépendants, dont un récent de la BBC, indiquent que les tireurs d’élite étaient associés aux manifestants et non au gouvernement Ianoukovitch, comme les médias étasuniens l’ont largement rapporté.
Le 21 février, Ianoukovitch conclut une entente garantie par trois pays européens suite à la montée des violences. Il concédait ainsi certains pouvoirs et acceptait de déclencher des élections plus tôt que prévu, pour y être battu. Toutefois, au lieu de laisser ce processus suivre son cours, les néonazis et autres forces du Maïdan prirent d’assaut les édifices gouvernementaux le 22 février, forçant ainsi Ianoukovitch et ses fonctionnaires à s’enfuir.
Le département d’État des États-Unis confirma rapidement la légitimité de ce coup d’État, tandis que Iatseniouk, le favori de Nuland, devenait premier ministre avec Paroubiy comme responsable de la sécurité nationale. En d’autres termes, il existe de nombreuses preuves que les États-Unis ont déclenché la crise ukrainienne en malmenant l’accord d’association. Le gouvernement étasunien a ensuite mis de l’huile sur le feu par l’intérim de Nuland, de Pyatt et d’autres fonctionnaires, puis a couronné le tout avec l’aide des néonazis et d’autres extrémistes en réalisant le coup d’État.
Une théorie du complot irrationnelle
Il n’y a toutefois aucune preuve que Poutine ait orchestré ces événements. Il n’y a aucune preuve qu’il ait poussé Merkel et les États-Unis à aller trop loin, aucune preuve qu’il ait coordonné les milices néonazies à Lviv, aucune preuve qu’il a manipulé des fonctionnaires étasuniens pour orchestrer le changement de régime, aucune preuve qu’il ait donné l’ordre aux militants du Maïdan d’attaquer.
Le New York Times suggère-t-il vraiment que Poutine tirait les ficelles de certaines personnes comme Merkel et Nuland, qu’il coordonnait secrètement les brigades néonazies et qu’il déployait sans merci ces voyous à Kiev pour attiser la violence et renverser Ianoukovitch, tout en prétendant sauver son gouvernement, afin de servir ses plans machiavéliques d’envahir l’Europe ?
Le Times se moque souvent des « théoriciens de la conspiration », mais ses propos sur Poutine et la crise ukrainienne pourraient faire rougir le plus assidu de ces théoriciens. Non seulement le Times avance sa propre théorie du complot abracadabrante, mais il la considère en plus comme irréfutable.
Mis à part le manque de preuves pour soutenir cette théorie, Poutine n’a aucun motif rationnel d’avoir réalisé tout ce que le Times l’accuse d’avoir fait. Selon la véritable chronologie des événements, Poutine était occupé par les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi lorsque la crise en Ukraine s’est enflammée il y a un an. Il avait peur que les Jeux olympiques soient perturbés par des terroristes tchétchènes ou autres, et surveillait lui-même la sécurité des Jeux. Poutine a dépensé environ 40 milliards de dollars pour faire des Jeux un spectacle extravagant afin de présenter la nouvelle Russie au monde en tant que nation prête à rejoindre l’Occident. On m’a dit qu’il était très fier de la place qu’occupait la Russie au sein du G-8 et qu’il avait établi une relation constructive avec le président Barack Obama en l’aidant à résoudre les crises en Syrie et en Iran en 2013.
La dernière chose que Poutine voulait était de provoquer une crise en Ukraine. Il n’a pas non plus créé de services de renseignements dans les pays baltes, comme la théorie du complot le prétend.
Cependant, au moment où un régime de droite prenait le pouvoir grâce à un coup d’État violent en Ukraine, à la frontière de la Russie, et où ce régime provoquait les Ukrainiens russophones, Poutine répondait aux appels lancés par la Crimée (par son parlement et par le moyen d’un référendum) afin de ramener la péninsule en territoire russe.
Poutine avait également peur que le nouveau pouvoir établi à Kiev donne la base navale russe historique de Sébastopol à l’OTAN, avec ses sous-marins à armement nucléaire. Autrement dit, même si le New York Times clamait que la Russie envahissait la Crimée, les Criméens demandaient plutôt à la Russie d’intervenir, d’autant plus que 25 000 soldats russes s’y trouvaient déjà selon l’accord avec l’Ukraine relatif à la base navale.
Le New York Times suggère-t-il vraiment que Poutine tirait les ficelles de certaines personnes comme Merkel et Nuland, qu’il coordonnait secrètement les brigades néonazies et qu’il déployait sans merci ces voyous à Kiev pour attiser la violence et renverser Ianoukovitch, tout en prétendant sauver son gouvernement, afin de servir ses plans machiavéliques d’envahir l’Europe ?
Le Times se moque souvent des « théoriciens de la conspiration », mais ses propos sur Poutine et la crise ukrainienne pourraient faire rougir le plus assidu de ces théoriciens. Non seulement le Times avance sa propre théorie du complot abracadabrante, mais il la considère en plus comme irréfutable.
Mis à part le manque de preuves pour soutenir cette théorie, Poutine n’a aucun motif rationnel d’avoir réalisé tout ce que le Times l’accuse d’avoir fait. Selon la véritable chronologie des événements, Poutine était occupé par les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi lorsque la crise en Ukraine s’est enflammée il y a un an. Il avait peur que les Jeux olympiques soient perturbés par des terroristes tchétchènes ou autres, et surveillait lui-même la sécurité des Jeux. Poutine a dépensé environ 40 milliards de dollars pour faire des Jeux un spectacle extravagant afin de présenter la nouvelle Russie au monde en tant que nation prête à rejoindre l’Occident. On m’a dit qu’il était très fier de la place qu’occupait la Russie au sein du G-8 et qu’il avait établi une relation constructive avec le président Barack Obama en l’aidant à résoudre les crises en Syrie et en Iran en 2013.
La dernière chose que Poutine voulait était de provoquer une crise en Ukraine. Il n’a pas non plus créé de services de renseignements dans les pays baltes, comme la théorie du complot le prétend.
Cependant, au moment où un régime de droite prenait le pouvoir grâce à un coup d’État violent en Ukraine, à la frontière de la Russie, et où ce régime provoquait les Ukrainiens russophones, Poutine répondait aux appels lancés par la Crimée (par son parlement et par le moyen d’un référendum) afin de ramener la péninsule en territoire russe.
Poutine avait également peur que le nouveau pouvoir établi à Kiev donne la base navale russe historique de Sébastopol à l’OTAN, avec ses sous-marins à armement nucléaire. Autrement dit, même si le New York Times clamait que la Russie envahissait la Crimée, les Criméens demandaient plutôt à la Russie d’intervenir, d’autant plus que 25 000 soldats russes s’y trouvaient déjà selon l’accord avec l’Ukraine relatif à la base navale.
Réaction et non instigation
Le point essentiel est donc que Poutine a réagi à la crise ukrainienne, plutôt que d’en avoir été l’instigateur. Comme l’ancien secrétaire d’État Henry Kissinger l’a lui-même expliqué à Der Spiegel :« L’annexion de la Crimée n’était pas un pas vers une conquête totale [de l’Europe]. Ce n’était pas Hitler qui envahissait la Tchécoslovaquie. »
Kissinger rajoutait : « Poutine a dépensé des dizaines de milliards de dollars pour les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi. L’objectif de ces Jeux était de montrer que la Russie était devenue un état progressiste lié à l’Occident par sa culture et qu’elle voulait vraisemblablement en faire partie. Ça n’a aucun sens de dire qu’une semaine après la clôture des Jeux, Poutine envahissait la Crimée pour partir en guerre contre l’Ukraine. »
Dans ce cas, Kissinger avait clairement raison. Que Poutine ait provoqué la crise en Ukraine n’a jamais eu de sens. Pourtant, les États-Unis ont établi des politiques de plus en plus agressives à partir de ce mensonge lors des dernières années. On retrouve aujourd’hui des politiciens de toute allégeance qui appellent l’Amérique à résister au dictateur Poutine et aux « agressions russes ».
Cette pensée de groupe est dangereuse pour plusieurs raisons, notamment les inquiétudes que suscitent les nombreuses armes nucléaires des États-Unis et de la Russie. Sur une échelle moins existentielle, l’analogie « Poutine = Hitler » a généré une erreur de jugement majeure concernant l’approche à adopter par l’administration Obama vis-à-vis de Poutine.
Comme le professeur de Harvard Stephen M. Walt l’a mentionné, la réponse la plus efficace face à une crise est différente si un dirigeant étranger est un agresseur ou s’il se sent acculé. Le premier fait appel à un « modèle de dissuasion », c’est-à-dire une réaction coriace. Une telle réaction dans le deuxième cas acculerait cependant davantage le dirigeant assiégé et aggraverait ainsi la crise, créant ce qu’on appelle le « modèle de la spirale ».
Walt écrit : « Quand l’insécurité est la racine pivotante des actions révisionnistes d’un état, faire des menaces empire la situation. Si le "modèle de la spirale" s’applique, la réponse la plus appropriée est d’entamer un processus diplomatique d’accommodation et d’apaisement (oui, apaisement) afin de dissiper les inquiétudes de l’état concernant l’insécurité. » (3)
Le nouvel accord de cesser-le-feu conclu à Minsk (instigué par la chancelière allemande Merkel) va peut-être enfin aider à calmer la crise, mais il faudrait en plus aborder les inquiétudes légitimes des différents camps de manière rationnelle plutôt que de laisser l’hystérie de la dernière année déterminer le cours des événements.
Toutefois, l’éditorial du Times ne donne pas beaucoup d’espoir quant à un changement véritable et constructif au sein de la « pensée de groupe ». De la même manière, les médias semblent répéter le fiasco des armes de destruction massive en Iraq ; le Times et pratiquement tous les autres organes de presse restent attachés à mésinterpréter les faits à propos de la crise en Ukraine.
Et tous ceux qui osent parler de la véritable histoire de cette crise sont immédiatement réduits au silence grâce à la simple riposte anti-intellectuelle : « Apologiste de Poutine ! » – tout comme en 2002 et 2003, lorsque quelqu’un doutait de la présence d’armes de destruction massive en Iraq était qualifié d’« apologiste de Saddam ».
Notes :
1) Voir Consortiumnews.com’s « When Is a Putsch a Putsch ».
2) Voir Consortiumnews.com’s « Who’s Telling the Big Lie on Ukraine ? »
3) Voir Consortiumnews.com’s « ‘Realists’ Warn Against Ukraine Escalation. »
Traduit par Laurent Sioui pour Investig’Action
Titre original : L’Ukraine et le conte de fées du « nouveau Hitler » : ce qui se cache derrière la théorie de la conspiration « Poutine a tout orchestré »
Source : Stop the War Coalition
Kissinger rajoutait : « Poutine a dépensé des dizaines de milliards de dollars pour les Jeux olympiques d’hiver de Sotchi. L’objectif de ces Jeux était de montrer que la Russie était devenue un état progressiste lié à l’Occident par sa culture et qu’elle voulait vraisemblablement en faire partie. Ça n’a aucun sens de dire qu’une semaine après la clôture des Jeux, Poutine envahissait la Crimée pour partir en guerre contre l’Ukraine. »
Dans ce cas, Kissinger avait clairement raison. Que Poutine ait provoqué la crise en Ukraine n’a jamais eu de sens. Pourtant, les États-Unis ont établi des politiques de plus en plus agressives à partir de ce mensonge lors des dernières années. On retrouve aujourd’hui des politiciens de toute allégeance qui appellent l’Amérique à résister au dictateur Poutine et aux « agressions russes ».
Cette pensée de groupe est dangereuse pour plusieurs raisons, notamment les inquiétudes que suscitent les nombreuses armes nucléaires des États-Unis et de la Russie. Sur une échelle moins existentielle, l’analogie « Poutine = Hitler » a généré une erreur de jugement majeure concernant l’approche à adopter par l’administration Obama vis-à-vis de Poutine.
Comme le professeur de Harvard Stephen M. Walt l’a mentionné, la réponse la plus efficace face à une crise est différente si un dirigeant étranger est un agresseur ou s’il se sent acculé. Le premier fait appel à un « modèle de dissuasion », c’est-à-dire une réaction coriace. Une telle réaction dans le deuxième cas acculerait cependant davantage le dirigeant assiégé et aggraverait ainsi la crise, créant ce qu’on appelle le « modèle de la spirale ».
Walt écrit : « Quand l’insécurité est la racine pivotante des actions révisionnistes d’un état, faire des menaces empire la situation. Si le "modèle de la spirale" s’applique, la réponse la plus appropriée est d’entamer un processus diplomatique d’accommodation et d’apaisement (oui, apaisement) afin de dissiper les inquiétudes de l’état concernant l’insécurité. » (3)
Le nouvel accord de cesser-le-feu conclu à Minsk (instigué par la chancelière allemande Merkel) va peut-être enfin aider à calmer la crise, mais il faudrait en plus aborder les inquiétudes légitimes des différents camps de manière rationnelle plutôt que de laisser l’hystérie de la dernière année déterminer le cours des événements.
Toutefois, l’éditorial du Times ne donne pas beaucoup d’espoir quant à un changement véritable et constructif au sein de la « pensée de groupe ». De la même manière, les médias semblent répéter le fiasco des armes de destruction massive en Iraq ; le Times et pratiquement tous les autres organes de presse restent attachés à mésinterpréter les faits à propos de la crise en Ukraine.
Et tous ceux qui osent parler de la véritable histoire de cette crise sont immédiatement réduits au silence grâce à la simple riposte anti-intellectuelle : « Apologiste de Poutine ! » – tout comme en 2002 et 2003, lorsque quelqu’un doutait de la présence d’armes de destruction massive en Iraq était qualifié d’« apologiste de Saddam ».
Notes :
1) Voir Consortiumnews.com’s « When Is a Putsch a Putsch ».
2) Voir Consortiumnews.com’s « Who’s Telling the Big Lie on Ukraine ? »
3) Voir Consortiumnews.com’s « ‘Realists’ Warn Against Ukraine Escalation. »
Traduit par Laurent Sioui pour Investig’Action
Titre original : L’Ukraine et le conte de fées du « nouveau Hitler » : ce qui se cache derrière la théorie de la conspiration « Poutine a tout orchestré »
Source : Stop the War Coalition
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