Le gouvernement de Hollande encense des criminels et rejette Chomsky
In Articles on 4 décembre 2016 at 18 h 42 min
« Quand l’Assemblée nationale remballe Noam Chomsky » titrait le 30 novembre 2016 le journal en ligne Philosophie magazine. Le journal précise dans le préambule : « Le philosophe Noam Chomsky, figure mondialement réputée de la linguistique et intellectuel engagé, devait recevoir, ce mercredi, une distinction scientifique à l’Assemblée nationale, à Paris. L’International Society of Philology (« société internationale de philologie ») qui honore tous les cinq ans un grand grammairien ou un grand critique littéraire devait lui remettre, après Roman Jakobson ou Umberto Eco, une médaille d’or spéciale. Avant que le philosophe américain n’assiste à la séance hebdomadaire de questions au gouvernement ». Et rajoute : « Est-ce parce que la prestigieuse institution craignait de recevoir un hôte qui a l’habitude d’être très critique avec le monde politique ? L’Assemblée nationale n’a donné aucune explication pour son annulation de dernière minute ».
Au fond, tout est dit. En substance la France ne veut pas recevoir celui qui fut considéré comme le « plus grand intellectuel vivant » à la suite d’un sondage organisé et publié en 2005 par les magazines Prospect Magazine (britannique) et Foreign Policy (américain). Ce n’est pas sans rappeler le refus de François Hollande d’accorder l’asile à Snowden et à Assange.
Il nous a donc semblé instructif de revenir sur cinq cas d’individus des plus contestables, qui eux furent vantés, décorés voire même reçus en grande pompe par ceux-là mêmes qui viennent de tourner le dos à Noam Chomsky.
Les mauvaises fréquentations:
Lors d’un dîner officiel à Jérusalem, François Hollande accompagné du chef d’Etat Israélien Benyamin Netanyahou a entonné un « chant d’amour pour Israël ». Pourtant Benjamin Netanyahou est un criminel de guerre. En 2014, le bilan de l’opération militaire israélienne « Bordure Protectrice » (Protective Edge) à Gaza a dépassé celui de l’opération « Plomb durci » (Cast Lead) en 2009. Plus de 1500 Palestiniens ont trouvé la mort. Parmi les victimes figurent 550 enfants. Selon Amnesty International, en 2015/2016, en Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est, les forces israéliennes ont tué des civils palestiniens hors de toute légalité, y compris des enfants, et ont arrêté des milliers de Palestiniens qui ont protesté contre l’occupation militaire israélienne et qui s’y sont opposés. La torture et autres mauvais traitements sont restés courants et ont été commis en toute impunité.
En mars 2014, Laurent Fabius, alors Ministre des Affaires étrangères du gouvernement Hollande-Ayrault, échange cordialement une poignée de main avec le leader de Svoboda Oleh Tyahnybok qui a déclaré entre autre : « il faut purger 4000 juifs en Ukraine“. Le quotidien israélien Haaretz rapportait que Pravy Sektor et Svoboda distribuaient des traductions de Mein Kampf et des Protocoles des Sages de Sionsur la place Maïdan. En somme deux écrits symboliques qui ont un lien direct avec la théorie du complot et l’antisémitisme. Cet article d’Haaretz est corroboré par le leader du parti Svoboda Oleh Tyahnybok lui même qui affirmait sans complexe : « une mafia juive moscovite dirige l’Ukraine.
Le 2 mai 2014, le djihadiste Abdelhakim Belhadj fut reçu par le Quai d’Orsay (le ministère des Affaires étrangères). Chassé de Libye, Belhadj est devenu un combattant islamiste dans la guerre soviéto-afghane en 1988. En Irak, il combat aux côtés de Abou Moussab Al-Zarqaoui, le responsable d’Al-Qaïda à Bagdad. En 2002, après les attentats du 11 septembre et la réconciliation de Kadhafi avec l’Occident, un mandat d’arrêt a été émis à l’encontre de Belhadj par les autorités libyennes. Dans un document il a été allégué par le gouvernement Kadhafi que Belhadj avait développé des « relations étroites » avec al-Qaïda et le Mollah Omar, chef des talibans. Une note d’Interpol stipule qu’Abdelhakim Belhadj est le chef de la filiale maghrébine de l’Etat Islamique (Daesh).
François Hollande a remis, le vendredi 4 mars 2016, la Légion d’honneur au prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed Ben Nayef, qui est également ministre de l’intérieur. Dès lors, un prince saoudien est décoré de la plus haute distinction honorifique française alors même que la plupart des spécialistes s’accordent à dire que l’Arabie Saoudite est le premier sponsor du salafisme wahhabite à l’origine de l’endoctrinement des jihadistes qui terrorisent la Libye, la Syrie, l’Irak et maintenant l’Europe. Pour rappel : l’Arabie saoudite est un pays pratiquant la peine de mort. Selon The Death Penalty Worldwide, il y a eu en Arabie Saoudite 26 ou 27 exécutions en 2010, au moins 82 en 2011, au moins 76 au 2012, au moins 79 en 2013, au moins 90 en 2014 et au moins 153 exécutions en 2015. Et en 2016, il y a eu au moins 134 exécutions. Les motifs étaient : l’homicide, la sorcellerie, l’adultère, l’homosexualité et le renoncement à l’islam.
En septembre 2016, François Hollande s’est dit « très honoré » de recevoir un prix des mains d’Henry Kissinger. Par ailleurs, François Hollande déclara « Docteur Kissinger, adolescent je suivais vos initiatives pour la paix au Viêt Nam ». Il est absolument sidérant que le président d’un gouvernement dit « socialiste » accepte de recevoir un prix d’un criminel de guerre avéré, et qu’ensuite il puisse tenir de tels propos. Rappelons qu’en pleine guerre du Viêt Nam, Henry Kissinger fut secrétaire d’État (ministre des affaires étrangères) du gouvernement républicain de Richard Nixon. Selon le CACCF américain (Combined Action Combat Casualty Filel) l’intervention américaine en Asie du Sud-Est a causé des millions de morts. A la question : « Le Tribunal Khmer Rouge maintient plusieurs dirigeants Khmer Rouge en détention. Un procès sous l’autorité des Nations Unies était-elle la meilleure solution, ou était-il au contraire préférable de laisser faire les Cambodgiens ? » En substance Noam Chomsky répondit « Après tout si c’est un procès international pourquoi ne pas prendre en compte Henry Kissinger, et les autres responsables des bombardements américains, ou ceux qui ont soutenu les KR bien après leur défaite. C’est une farce, d’autant plus que nous en savons désormais plus sur le bombardement du Cambodge, les enregistrements Kissinger-Nixon ont été rendu publics ainsi que bien d’autres documents qui ont déclassés sous le mandat Clinton ». Par ailleurs, le coup d’état le 11 septembre 1973 qui renversa le président socialiste démocratiquement élu Salvador Allende fut fomenté par la CIA, Kissinger et Nixon.
Requiem pour un néocon
On peut donc conclure que la France « OTANisée » de François Hollande est plus encline à honorer des criminels internationaux qu’un intellectuel socialiste libertaire comme Noam Chomsky. Aussi cette dernière pleutrerie sera à la fois le point d’orgue et le son du glas de la gouvernance Hollande. Le choix des mots n’est jamais anodin. Bruno Le Roux le président du groupe socialiste à l’Assemblée nationale a confié au Huffington Post. « On a finalement décidé d’annuler la rencontre avec le groupe socialiste, compte tenu de certaines déclarations polémiques que Noam Chomsky a tenues, notamment sur Ben Laden”, nous explique-t-on. Il est vrai que l’homme a versé ces dernières années vers le complotisme ou a pris la défense de négationnistes au nom de la liberté d’expression ». Rappelons simplement que le terme « complotisme » fut détourné par les théoriciens néoconservateurs et islamophobes tels que Daniel Pipes. Quant à la défense de la liberté d’expression de négationnistes, évidemment cette dernière question se discute. Mais il est clair par contre que le groupe socialiste est bien mal placé pour faire la morale à qui que ce soit alors que nous savons parfaitement que le gouvernement français a noué des liens étroits avec le nouveau pouvoir ukrainien, qui lui utilise sans la moindre retenue des structures paramilitaires ouvertement antisémites pour asseoir son pouvoir par la force et l’intimidation.
Souvenez-vous du slogan « Le changement, c’est maintenant ! » proféré pendant la campagne électorale de François Hollande en 2012. Cinq ans plus tard, nous pouvons constater qu’en plus d’avoir parachevé le triste bilan de Nicolas Sarkozy en matière de politique étrangère, François Hollande à totalement droitisé le Parti socialiste sur le plan économique et social.
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